Overdose et sac à dos !
Quand y'en a marre !
Ça infusait depuis un sacré moment et depuis quelques jours, ça ne vous quitte plus, vous en avez plus que marre de votre vie de merde et il faut que cela change. ! Ras la casquette, c'est décidé, vous allez changer de vie, de boulot, de région, de mec, de nana ou tout à la fois. Plus prosaïquement, vous allez jeter votre banale existence aux orties et tout recommencer. Redistribuer les cartes de cette partie de poker où vous n'aviez même pas une paire de sept. Vous allez vous donner les moyens de participer à ce super bingo du destin, parce que de destin, vous en êtes convaincu, vous en avec un. Il n'y a pas que votre copine Sylvie qui s'est barrée pour faire un tour du monde en patin à roulettes depuis trois ans qui y a droit.
Ça, c'est la première idée de base pour aller vers le changement. Après viennent les questions du "je vais faire quoi, je vais où, comment et avec qui ?" et face à l'ampleur de la tâche à accomplir, beaucoup d'entre nous stagnent à la phase un, qui, tel un pétard mouillé, finit par devenir récurrente sans jamais aboutir à rien. Le "yen a marre" devient alors une sorte de névrose obscessionnelle.
C'est quand le paradis !
Le paradis, c'est maintenant ! Votre décision est prise et mûrement réfléchie, vous voulez prendre les chemins de traverse et mettre tout en oeuvre pour y arriver. Les idées trottent et se bousculent dans votre petit cerveau qui reprend soudain vie et cette émulation à elle seule est déjà un départ. On projette, on élabore, on échafaude, on architecture, on ambitionne. Les plans sont parfois simples comme un déménagement. Mais ils peuvent aussi être extrêmement longs et complexes comme la construction "do it yoursefl" d'un voilier de 14 mètres qui vous transporterait aux Maldives en deux coups de cuillères à pot tout en sachant que vous n'avez jamais navigué.
Passé le cap des idées, écartés les rêves d'utopie, place à l'accessible, aux possibles, la route est tracée, le chemin est balisé, il ne reste qu'à entamer le processus de transformation.
Et bien, là encore, la valise reste souvent dans l'armoire, le voilier ne prendra jamais la mer et les Maldives demeureront une carte postale de vacances.
Les portes closes
Nous nous retrouvons alors devant les portes closes de nos peurs et de nos angoisses liées aux changements et à un futur parfois incertain.
Quitter sa famille et ses amis par exemple, un emploi stable, une vie bien huilée qui ne laisse pas de place à l'improvisation renvoient à une perte de repères sécuritaires. Le regard que nos proches porte sur ce désir de changement est aussi vecteur d'angoisses. Les charges de famille, les chaînes que nous nous sommes imposées dans la vie sont aussi des freins qui nous maintiennent dans l'immobilisme et nous faisons souvent le choix d'assumer notre mal être au profit de la sécurité.
Ainsi, de nombreux passagers au changement restent-ils à quai en regardant les trains qui passent. La question qui se pose est simplement de savoir si leur désir était assez profond ou si ce n'était qu'une chimère qui leur a permis de s'évader un moment. Tel l'oiseau domestiqué dont la cage est ouverte mais qui ne s'envole jamais, nous sommes, pour la plupart d'entre nous, les esclaves consentants de nos chaînes...
La Seringue.