Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Seringue Atomique !
22 juillet 2015

Voudrait-on nous affamer pour mieux nous voir crever ?

 

 Vers l'inanition des infirmiers libéraux !

Ce matin, j'ai eu envie de dresser un petit inventaire de toutes les compétences qui sont en train de nous filer entre les doigts. Un peu comme on fait sa liste de courses pour Noël avec l'eau à la bouche en moins.

J'entends beaucoup dire que le téléphone ne sonne plus, que les temps sont durs, que les patients sont rares, que la crise est passée par là, que c'est la faute à pas de chance ou à celui-ci ou à celui-là. Mais qu'en est-il vraiment ? Y-a-til réellement une volonté de nous voir disparaitre ? Quels sont les enjeux financiers ? Notre espèce serait-elle en train de s'éteindre à petit feu ?

Je n'ai pas la prétention de passer en revue toutes les lacunes d'un système et de faire des révolutions devant mon écran, bien loin de là, j'essaye simplement de mettre sur papier mes sentiments à ce propos afin d'y voir plus clair. L'art de la guerre n'étant que stratégie, je me prépare à ce qui vient ...

 

Petit listing qui déprime !

 

► Les AVK (Anti-Vitamine K) oraux dont la gestion glisse de façon vertigineuse vers les pharmacies. La Sécurité Sociale dans ses grandes largesses a  envoyé un courrier à tous les patients chroniques sous anticoagulants oraux afin qu'ils puissent adhérer à ce nouveau dispositif d'accompagnement, constituant l'Avenant 1 de la Convention Nationale des Pharmaciens. La rémunération est de 40 euros par an et par patient, ce dispositif constitue un des actes de la rémunération sur objectifs de Santé Publique (ROSP). Il se résume en un entretien à l'initiation du traitement, deux entretiens pharmaceutiques annuels, le contrôle de la réalisation des examens biologiques (INR) et le cas échéant, la prise de contact avec le médecin traitant. En France en 2014, on estime qu'environ 400 000 à 600 000  personnes sont sous anti coagulants de manière prolongée. Les dépenses induites par ce mode de prise en charge pourraient donc atteindre entre 16 millions et 24 millions d'euros à terme. En janvier 2015, on dénombrait sur le territoire (dom-tom inclus) 22401 officines. Ce qui correspondrait à un bonus pour les pharmaciens de l'ordre de 700 à 1000 euros par an (une aumône !).


► Les suites de couches avec tout ce que cela inclut (pansements de césarienne, injections d'héparine de bas poids moléculaire, prises de sang, surveillance tensionnelle...) sont maintenant dévolues au programme PRADO (PRogramme d'Accompagnement de Retour à DOmicile). En 2013, pour 130 000 bénéficiaires, le coût total du programme est estimé à environ 16,5 Millions d'€uros dont 13 Millions d'€uros au titre des honoraires de sages-femmes. Le programme PRADO s'étend aujourd'hui à l'orthopédie, à l'insuffisance cardiaque et aux bronchopathies pulmonaires  chroniques obstructives...

► La prévention primaire semble être aujourd'hui du ressort des Caisses d'Assurance Maladie. Elle a en effet décidé de coacher ses affiliés dans de nombreux domaines. Sophia et les diabétiques ou les asthmatiques, Santé Active et ses modules nutrition, dos, coeur et sevrage tabagique. Vive la télémédecine et les consultations téléphoniques !

► Il semblerait que les médecins prescrivent moins. La fédération Hospitalière de France a commandé à la TNS Sofres un sondage publié en juillet 2012 réalisé auprès de 803 praticiens hospitaliers et libéraux (spécialistes et généralistes) qui en moyenne déclarent que 28 % des examens qu’ils prescrivent ne sont pas vraiment utiles. Ce pourcentage atteint 32% chez les généralistes. D'autre part, la rémunération à la performance pourrait bien être responsable de cette frilosité ambiante (le fameux ROSP encore !)

► La baisse de clientèle liée à la concurrence des structures de soins de type SSIAD (Service de Soins Infirmiers à Domicile) ou HAD (Hospitalisation A Domicile) qui ont beaucoup moins de restrictions pour se faire connaître en matière de publicité par exemple.

Une voie de sortie : l'union ?

J'avoue être inquiète pour notre devenir, du moins si l'infirmier libéral conserve sa forme actuelle. La seule échappatoire paraît être l'union. Bâtir à plusieurs une nouvelle forme de partenariat qui puisse être le pendant de toutes les structures déjà en place. Maintenir ces compétences qui font de nous des professionnels. Modifier notre statut de libéral et parler en terme d'entreprise autogérée qui permettrait de garder son autonomie tout en étant acteur d'une organisation collective. Tout est à inventer, il faut juste que nous apprenions à nous débarrasser de cette prétendue liberté que nous n'avons même pas. Nous sommes sous la coupe des caisses d'assurance maladie qui font la pluie et le beau temps, un système d'autogestion nous rendrait certainement plus libres et indépendants. A partir de là, à nous de réfléchir sur ce qu'autogéré suggère...

 

La Seringue.

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
La Seringue Atomique !
  • L'infirmier libéral dans tous ses états ! Une profession examinée à la loupe avec de bonnes doses d'humour, de dérision ou d'émotions mais également quelques coups de gueule et de nombreux coups de pied dans la fourmilière...Bonne lecture à vous !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 508 246
Newsletter
178 abonnés
Archives
Copyright !

Tous les textes de ce blog sont - sauf mention contraire - la propriété intellectuelle de La Seringue Atomique et sont protégés par les droits d’auteur français et internationaux.

Ce qui signifie que toute reproduction, publication ou utilisation web, même partielle de ces textes, est interdite sans autorisation préalable écrite de l’auteur. L’interdiction vaut également pour la copie d’écran qui est une forme de reproduction.

 

Derniers commentaires
Publicité