Quand le Berger répond à la Bergère !
La NGAP pour les nuls !
J'imagine que chacun d'entre vous a déjà eu l'occasion d'avoir entre les mains une prescription médicale que, vulgairement peut-être, nous pourrions qualifier d'ordonnance... de merde !
Ce genre de bout de papier écrit à la hâte qui a le don de vous exaspérer dès les premières lignes peut, s'il est laissé en l'état, être à la source de nombreux ennuis. Illisibles, mal rédigées, parfois sans date, sans durée de soins, ces sésames nécessaires à l'exercice de notre profession sont souvent les vecteurs de réclamations d'indus réclamés par les caisses avec un risque non négligeable d'être traîné devant les tribunaux.
Aussi, les infirmiers libéraux perdent-ils un temps fou à faire rectifier ces prescriptions médicales par leurs auteurs. Pour beaucoup d'entre eux, il ne se passe pas un mois sans qu'ils aient à faire le pied de grue dans des salles d'attente souvent bondées où ils sont souvent perçus par les patients et les médecins comme des empêcheurs de tourner en rond.
Les plus chanceux, quant à eux, font leurs réclamations tout simplement par SMS, outil qui, à l'heure actuelle, n'est pas le moyen de communication le plus privilégié par nos chers praticiens.
Un Infirmier qui a du Répondant !
Cet infirmier, c'est Gaétan. Gaétan, c'est mon héros du jour. Si je le connaissais mieux, je dirais qu'il en a dans le pantalon !
Voici l'ordonnance de soins que son patient lui a remis de retour de consultation dermato pour un pansement de plaie complexe, chronique, d'origine néoplasique...Surtout tu ne t'énerves pas en lisant cette prose...Notre santé est le capital le plus important que nous possédons...
Sms en Détresse !
Ni une ni deux, notre héros a empoigné son smartphone. De ses petits doigts musclés, normal c'est un héros, il a tapoté un sms poli, cordial et tout et tout, à ce gentil docteur pour lui demander de refaire sa prescription avec l'intitulé "pansement pour pertes de substance néoplasique, avec lésion profondes, sous aponévrotiques, musculaires, tendineuses ou osseuses". Traduction : "Tu me le changes en quatre oui, ce putain d'Ami2 ! Parfois, les héros sont fatigués et disent des mots qui dépassent leurs pensées. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle on a inventé les sms.
Bref, la réponse de notre praticien adoré, chéri, ce c...nard ne s'est pas fait attendre. Ses doigts, semble-t-il, ont dérapé sur le clavier. Les fautes de frappes sont d'ailleurs là pour l'attester. Aurait-il été troublé, énervé par le culot de notre héros qui remet en cause sa prescription dans un vague sms. En tout cas, il trouve la cotation somme toute exagérée. Il est vrai que 6.60 euros pour un pansement, c'est déjà très cher payé alors 13.20 euros, imaginez...
A la lecture de ce message, mon héros a failli s'étranger avec son garrot. Il n'a dû son salut qu'à sa forte constitution et un moral d'acier. N'est pas héros qui veut...
Entre deux insulines, il s'est alors fendu d'une explication à la sauce "je te remets les pendules à l'heure avec trois mots, quatre paroles" en ajoutant dans un ultime uppercut verbal, l'argument qui tue, la parade imparable qui fait pleurer dans les chaumières, à savoir le prix de la prestation pour réaliser ce pansement complexe. Dix malheureux euros net...
Qui exagère ?
Faites comme Gaétan, défendons becs et ongles notre beefsteak et puisqu'il faut justifier, justifions...Il est tout de même incroyable que la responsabilité d'écrits que nous n'avons ni rédigés ni signés nous incombent devant les caisses ou les tribunaux. Nous devrions avoir le droit de contre-signer les prescriptions pour signifier que nous sommes en accord avec leurs contenus. Ces chasses aux ordonnances non conformes sont parfaitement injustes pour les soignants qui restent, dans ce cas précis, des exécutants...
(Merci à Gaétan)