A Toutes le Amazones !
Les Blogueuses !
Lorsqu'à la fin des traitements du carcinome qui s'était invité dans mon sein gauche, écrire m'est apparu comme une évidence, j'avoue que l'idée de raconter le parcours chaotique du cancéreux m'a traversé l'esprit. Assise devant le palier de ce qui aurait pû être un blog sur le cancer du sein, j'ai trouvé dix mille raisons de ne pas franchir cette porte avec vue panoramique sur un pan de ma vie.
J'ai songé alors à Isabelle, Hélène, Manuela, Catherine et tant d'autres qui, à travers leurs récits, m'ont accompagné durant ce long voyage. J'ai pensé à tort que tout avait été écrit ou presque sur le sujet. Les thèmes tels que la gravité, la douleur, la mutilation, les larmes, la colère, le deuil, l'humour ou la dérision occupaient déjà des milliers de lignes dans ces blogs. Les aspects plus médicaux, techniques, administratits, les petits trucs pour aider à mieux vivre avec une telle pathologie y étaient développés de manière très précise. Que pouvait-on encore ajouter ? Quelles informations supplémentaires pouvait-on transmettre ? Comment était-il possible d'intéresser de potentiels lecteurs ? Comment les toucher, les émouvoir, les captiver, comment prendre place et exister au milieu de ce flot d'informations aussi détaillées ?
Je me suis repue de vos textes, mesdames les blogueuses, et j'y ai puisé la force de survivre à un tel cataclysme. Sans un bruit, je vous ai consulté chaque fois que j'ai eu un doute, chaque fois que j'ai eu peur et je peux vous certifier que ce fut souvent. J'ai décortiqué vos messages chaque fois que j'ai eu besoin de réponses, chaque fois que j'ai voulu me rassurer. "La gniaque", "La crabahuteuse", "Fuck my cancer" et "Catherine Cerisey" furent mes amies d'infortune durant ces longs mois. Aussi, je peux dire aujourd'hui que vous m'avez aidé à vivre. Je peux également vous affirmer que vous m'avez épargné une longue dépression. J''aime à penser que, grâce à vous, grâce à vos blogs, je me réjouis de voir le jour se lever chaque matin et je suis persuadée qu'il en va de même pour des milliers d'amazones.
Le blog a ce petit quelque chose d'intime, d'amical qui fait que l'on s'y sente un peu comme chez soi. De part ses propriétés interactives, il permet une vraie relation entre l'auteur et le lecteur. Il met ainsi de l'humanité dans des sujets aussi graves et difficiles que la maladie. L'autre devient souvent un ami, un confident, un soutien. Le lecteur se reconnaît et de cette appartenance à un groupe naît l'idée d'une tribu : la tribu des amazones.
Les Absentes !
Triste début d'année pour la tribu des amazones qui vient de perdre deux de ses piliers. Hélène Bénardeau, la crabahuteuse s'en est allée début février et Manuela Wyler de "Fuck my cancer" lui a emboîté le pas il y a deux jours. Deux battantes qui vont cruellement nous manquer. Deux guerrières qui m'ont permis de comprendre à quel point il faut du courage pour s'astreindre à écrire coûte que coûte. Deux absentes qui, je l'espère, continueront à vivre au travers de leurs écrits. Deux chaises vides qui me ramènent à ma condition de mortelle. Deux départs, une explication : je n'ai pas eu l'audace de faire un blog sur le cancer par peur de valser avec la mort chaque fois que je me penche sur mon clavier. Je ne ferai pas de blog sur le cancer parce que je suis pétrifiée à la seule idée d'imaginer la poussière envahir un espace oublié de tous, une adresse url perdue dans la blogosphère, Je n'écrirai pas sur le cancer par pure superstition, parce que je me suis mis dans la tête que la simple évocation de ce mot m'attirera les foudres de la récidive. Je n'écrirai pas sur le cancer pour tous les avis de décès qu'il me faudrait publier pour rendre hommage aux amazones disparues dont le nombre ne cesse de croître.
A toutes les amazones qui sont parties trop tôt. A toutes les femmes, mères, épouses qui, un jour, ont eu à combattre un cancer du sein. A toutes celles qui, de guerre lasse, ont rendu les armes. A celles qui se sont défendues comme des lionnes. A tous ceux, moins nombreux, qui ont eu un jour à affronter cette maladie de "bonnes femmes". A celles et ceux qui se battent encore. A Hélène, Manuela et toutes les autres blogueuses qui m'ont aidé, qui ont aidé des milliers de femmes et d'hommes à parcourir ce chemin douloureux et sinueux. A vous, connus et inconnus, je voudrais faire part de toute mon admiration pour votre force, votre endurance et votre courage. La Seringue.
Doux voyage Hélène...Vaya con Dios !
Alav Hashalom Manuela...
Blogs sur le cancer du sein :