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La Seringue Atomique !
3 septembre 2016

Bref, je bossais à l'hôpital !

Parce que la Vie d'Ide en mode Bref, c'est pas toujours rigolo !

Ce matin, j'étais de repos. A sept heures, mon portable a sonné. A moitié dans le coma, j'ai répondu. J'aurais pas dû... Le cadre de mon service m'annonce qu'il faut que je remplace au pied levé un collègue malade. Je lui dis que je vais chez l'ophtalmo et que ça fait six mois que j'attend ce rendez-vous. Il me parle de la nécessité de service et du manque de personnel. Je lui parle de mes yeux. Il s'en fout... Je lui rappelle le dernier weed-end qu'il m'a foutu en l'air. Il ne s'en souvient plus. Je lui dis que j'ai un mari et des enfants et que j'aimerais passer du temps avec eux. Il évoque mon statut de contractuelle et brandit la titularisation comme une arme fatale. Je tombe sous le flot de tant d'arguments.

Je file à la salle de bains. Je regarde le miroir. J'ai la tête des mauvais jours. Je songe au mariage de ma copine Sabine où je n'étais pas présente pour les mêmes nécessités de service. Je me rappelle des vacances de Noël de l'an passé avortées pour les mêmes raisons. Je pense à l'ambiance dans ce service où je bosse depuis 18 mois. Je songe à ma charge de travail qui ne cesse de croître. J'entrevois toutes les responsabilités supplémentaires qui me tombent dessus chaque jour. j'ai mal au dos. Je perçois la violence dans laquelle je baigne parfois. Je crains de ne pas y arriver. J'ai la nausée. Je vomis. Je regarde à nouveau le miroir . J'ai la tête à l'envers. J'ai mal à ma vie.

 

 

Je me dis qu'aujourd'hui, je n'irai pas bosser. Je peux pas. Je songe à l'amour que j'avais pour ce métier. Je me souviens de mes années de formation et de mes premiers pas. Je revois la fierté de mon père et de ma mère. Je voudrais pleurer. J'y arrive plus. Je me dis que je me suis fait trop d'illusions. Je croise mon visage dans le miroir. Je me trouve nulle. J'ouvre l'armoire à pharmacie. Je regarde les boîtes de médicaments que je prends depuis plusieurs mois pour aller mieux. Je me dis que je ne m'en sortirai jamais. Je les avale tous. Je m'allonge dans la baignoire. Je songe à mes enfants, mon mari, ma famille, mes amis. Ma tête est lourde et vacille.

Bref, je bossais à l'hôpital...

 

Corinne Régulaire alias "La seringue atomique".

 

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Commentaires
C
Merci pour la précision Bruno :)
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B
les coups de téléphone au domicile sont interdits sauf dans le cas d'astreintes qui elles sont rémunérées et réglementées . ils sont memes considérés comme harcelants les directions sont incapables de produire la moindre définition des obligations de services et n'arrivent pas à les justifier devant la justice ... jugement de l'hôpital TENON
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C
Merci pour ton témoignage Tinemar :)
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T
Ce métier je l'ai choisi il y a plus de 25 ans (passionnée, déterminée...)<br /> <br /> Petite, je rêvais de devenir docteur mais la vie et je l'en remercie m'a orienté vers des études d'infirmières. Etre au plus près du patient pas forcément avec les moyens adaptés m'ont permis de mieux comprendre la nature humaine.<br /> <br /> Terminée ma journée avec "un sourire" ou "je vous remercie" au delà de toutes les galères du quotidien était une marque de reconnaissance quelque soit la situation.<br /> <br /> Après plus de 20 ans passés en secteur hospitalier (tout service confondu), je reconnais que notre service public hospitalier a énormément évolué. <br /> <br /> Nous évoluons tous avec un historique professionnel différent en fonction des services dans lesquels nous aurons travaillés mas également une vie personnelle.<br /> <br /> L'équilibre professionnel et familial est un atout surtout dans ce métier. <br /> <br /> Mon cadre de santé de l'époque était un infirmier qui arrivait à 6h45, prenait les transmissions et commencé le premiers tours avec son équipe. Aujourd'hui, un cadre de santé est un manager dont l'objectif est de faire tourner son service avec des objectifs fixés par la direction.<br /> <br /> A l'époque, ce même cadre de santé était très attentif à son équipe. Aujourd'hui, ce dernier doit faire tourner son service quoi qu'il arrive avec les moyens que la direction veut bien lui accorder.<br /> <br /> Qui est le plus à blâmer dans cette histoire, l'infirmier ou le cadre de santé???? non c'est le patient qui va devoir attendre voire patienter pendant des heures car nous sommes tous débordés mais la vraie question EST???<br /> <br /> Si demain vous ! infirmier ! arrivait dans un service d'urgence avec un membre de votre famille, vous qui connaissez ce fonctionnement!!!vous tombez sur un infirmier qui vous tiens le discours habituel! quel sera votre réaction, surtout si vous risquez de perdre un de vos proche!!!!!!<br /> <br /> De nos jours, tout est mis en place pour prendre en charge les personnes victimes de traumatismes de tous types mais les infirmiers ....<br /> <br /> Nous sommes au delà de ce job atypique des hommes, des femmes sensibles, fragiles avec nos vies, nos difficultés comme tout le monde. L'uniforme n'est pas un bouclier mais une protection à l'instant T. Après la fin de service, on se retrouve au volant de sa voiture seule avec sa journée et la fin de journée à venir et nos problèmes.<br /> <br /> Quitter l'hôpital est une solution lorsqu'après des années, la pression devient intolérable mais le problème est toujours présent. Alors quelle réponse pour notre relève. N'oubliez pas que ce sont nos enfants issus d'une période plus faste qui prend notre relève...<br /> <br /> Les risques psycho sociaux liés à notre métier ne sont plus à démontrés, <br /> <br /> Aujourd'hui, j'ai quitté le secteur hospitalier mais je continue à porter un uniforme.<br /> <br /> Les problèmes sont différents certes mais la réalité du terrain nous rappelle que nous sommes que des humains avec au delà de nos prise en charge, de nos propres craintes et problèmes.<br /> <br /> Après toutes ces années à exercer ce métier qui me passionne toujours, une seule phrase me vient à l'esprit "préserver ma vie privée et surtout ma vie de famille"<br /> <br /> Vous ne devez jamais mettre votre vie privée après votre vie professionnelle. N'oubliez pas que lorsque votre journée se termine, l'essentiel est ce qui vous attend à l'extérieur...
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M
Cette douleur au travail je l'ai eut en tant que libérale..à ne plus savoir où était ma place ni même si j'étais encore infirmière..je ne savais plus qui j'étais ni ce que je valais..des douleurs digestives, des pleurs, un énorme mal-être psychologique, un cruel manque de motivation, une envie de rentrer chez aloers que je n'en étais pas partie..et plus encore..courageles filles et bougez de service!!!! Notre métier est riche!
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La Seringue Atomique !
  • L'infirmier libéral dans tous ses états ! Une profession examinée à la loupe avec de bonnes doses d'humour, de dérision ou d'émotions mais également quelques coups de gueule et de nombreux coups de pied dans la fourmilière...Bonne lecture à vous !
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