L'Infirmier RaPlaPla !

Flagada Tsoin Tsoin !

Tel l'éléphant de mer échoué sur la banquise ou l'hippopotame avachi sur les berges du fleuve, nous sommes nombreux à faire naufrage sur notre canapé ou dans notre lit après avoir laborieusement travaillé pendant une semaine...deux semaines... trois semaines... un mois et parfois même plus.

Dans ces moments mémorables, nous avons parfois le sentiment d'avoir franchi les quarantièmes rugissants dans un canot de survie, d'avoir lutté contre vents contraires et grandes marées et, au final, d'avoir survécu à un ouragan dans nos vies professionnelles et personnelles.

Les quelques heures qui précèdent la ligne d'arrivée à notre "home sweet home" ressemblent souvent à une traversée hors du temps, une sorte de voyage dans la quatrième dimension. L'oeil hagard, le corps et l'esprit animés de stéréotypies (voiture/patient, glycémies/insuline, pansement/bétadine, tension/pilulier, téléphone/maison...merci ET !), nous achevons notre laborieux voyage tant bien que mal dans un état second avec notre plumard en ligne de mire.

Tels des mirages, les mots "sommeil", "sieste", "grasse matinée", "dodo" s'inscrivent soudain à l'horizon en lettres de feu. Rejoindre cette oasis au plus vite devient alors notre but ultime, notre seule raison d'être, notre quête et il va falloir faire fissa parce que l'énergie commence à manquer sérieusement. Batteries épuisées, out of order, game over, il n'y aura bientôt plus d'abonné au numéro que vous avez demandé. L'infirmier que vous reconnaissiez chaque matin dans le miroir de la salle de bains n'est plus que l'ombre de lui-même.

C'est un survivant et comme tout bon rescapé qui se respecte, revenir à la vie et effacer les stigmates d'une telle aventure demande du temps et beaucoup de repos. Mais ce genre de constat, cela s'appelle de la théorie parce qu'en pratique, dès votre arrivée dans l'oasis de vos rêves, vous aurez à gérer les enfants, les devoirs, le ménage, les courses, le repassage, le jardinage et tous les noms qui se terminent en "age" sauf voyage bien sûr...

 Il faisait bip quand il roulait, "Bap" quand il tournait, "Brrr quand il marchait !

Comment arrive-t-on à dépasser nos limites ? Quelle est cette force qui nous anime encore et encore et nous permet d'aller au bout de notre tâche ? Comment peut-on faire abstraction de l'usure du corps et continuer à travailler en niant la fatigue ? 

L'université de Montréal a étudié le lien entre le temps de transport pour se rendre au travail et la fatigue que cela génère. En 2014, en France, le temps moyen de trajet pour aller à son travail était de 23 minutes. L'infirmier libéral consacre quant à lui, trois heures par jour en moyenne dans le transport. D'après l'étude canadienne, le temps de trajet idéal est de 20 minutes. Conclusion, l'infirmier libéral est inéluctablement F.A.T.I.G.U.É et c'est d'ailleurs l'adjectif le plus utilisé dans son vocabulaire.

L'amour du travail bien fait, la conscience professionnelle semble pourtant être des facteurs favorisant le dépassement de soi. Donner du sens à son travail et tenter de prodiguer des soins en accord avec ses valeurs éthiques permet sans aucun doute de transcender son quotidien. Le dépassement de soi constitue l’un des piliers indispensables à l’exercice des métiers de la santé.

La pratique d'un sport permet de dépasser ses limites. Le sport  augmente la motivation, la ténacité ainsi que la confiance en soi. Une personne sportive gère mieux les problèmes et rebondit plus vite. 

Le stress est un phénomène d’adaptation du corps qui nous permet de réagir à notre environnement. Ce syndrome général d'adaptation découvert en 1935 par Hans Selye, fondateur et directeur de l'Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l'Université de Montréal et pionnier des études sur le stress comporte trois phases : la phase d'alarme, la phase de résistance et la phase d'épuisement et physiologiquement, cela se passe comme ça :

La phase d’alarme
Dès sa confrontation à une situation évaluée comme stressante, l'organisme réagit immédiatement en libérant des catécholamines, hormones produites par la glande médullo-surrénale, dont l’adrénaline. Celles-ci augmentent la fréquence cardiaque, la tension artérielle, les niveaux de vigilance, la température corporelle… Ces modifications ont pour but de préparer l'organisme à réagir en amenant l’oxygène aux organes qui vont être sollicités. L’organisme se prépare au combat ou à la fuite.

La phase de résistance
Peu de temps après la première phase, de nouvelles hormones, les glucocorticoïdes, sont sécrétées par la glande corticosurrénale. Ces hormones augmentent le taux de sucre dans le sang pour apporter l'énergie nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau et y maintenir un niveau constant de glucose. L’organisme se prépare aux dépenses énergétiques que nécessite la réponse à la situation stressante. La sécrétion des glucocorticoïdes est autorégulée : des récepteurs du système nerveux central détectent les quantités libérées dans le sang et adaptent leur production.

La phase d’épuisement
Dans cette situation, les capacités de l’organisme sont débordées. L’autorégulation des glucocorticoïdes devient inefficiente. L'organisme est submergé d'hormones activatrices qui, si les tentatives de modification de la situation se révèlent inopérantes, peuvent devenir délétères pour la santé.

Si le stress s’installe dans la durée,  notre capacité à réagir s’altère, notre organisme s’épuise et apparaissent diverses conséquences pathologiques qui se manifestents par des symptômes physiques, émotionnels ou intellectuels. A noter qu'il n’existe pas de tableaux de maladies professionnelles pour les atteintes à la santé liés aux facteurs de stress.

La Seringue.

Considérer qu’un fait ( soif, douleur, fatigue etc.)  possède deux composantes : une réalité (la ex: fatigue musculaire) et la perception que nous en avons. C’est sur ce dernier paramètre que nous avons le plus de contrôle. Et c’est la qualité de ce  contrôle qui va augmenter notre résistance, accroître notre motivation et préserver notre plaisir

Nos activités professionnelles, personnelles, sportives ou artistiques sont toutes régies par ces mêmes règles. Travaillons donc sans relâche à renforcer notre pouvoir de contrôle sur cette part modulable.

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http://www.santemagazine.fr/actualite-fatigue-au-travail-il-ne-faut-pas-depasser-35-min-de-trajet-60602.html

https://books.google.fr/books?id=cdAqtjvfG4wC&pg=RA1-PT2&lpg=RA1-PT2&dq=d%C3%A9passement+de+soi+au+travail+et+fatigue&source=bl&ots=vjRWAKaA6v&sig=evOC8Kfcr9ZSKq5hUUlgMji4EuI&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi98MeWoNrLAhWHPRoKHVKbA9YQ6AEISzAI#v=onepage&q=d%C3%A9passement%20de%20soi%20au%20travail%20et%20fatigue&f=false

http://www.inrs.fr/risques/stress/effets-sante.html