Et la Politesse, Bordel !
Meilleurs Vœux!
La tradition veut que chaque année à la même époque, nous nous fendions d'une jolie prose pour souhaiter à tous ceux que nous connaissons ou pas d'ailleurs, nos meilleurs vœux de santé, de prospérité, d'amour et de joie pour les douze mois à venir.
Ces échanges divers et variés peuvent être protocolaires, cérémonieux, guindés ou informels. Ils sont parfois poétiques, originaux, extravagants, baroques ou fantaisistes. Qu'importe les moyens utilisés et la formulation pourvu qu'il y ait partage d'espoirs que tout aille pour le mieux du 1er janvier au 31 décembre.
Les nostalgiques, par exemple, utilisent encore le Vélin d'Angoulême et rédigent leurs messages à l'encre de Chine avec une jolie plume Sergent Major. Les enveloppes, parfumées sentent la rose ou le jasmin et les timbres vous emmènent en voyage dans des contrées inexplorées ou dans les fonds marins.
Les originaux utilisent des pigeons voyageurs, des ballons-sondes ou des bouteilles à la mer. Les pragmatiques qui, soyons réalistes, peuvent s'apparenter à une catégorie de feignasses, copient-collent un e-mail en autant d'exemplaires qu'ils ont de relations, ce qui oblige à être plus que concis dans le texte. C'est pourquoi, dans ce cas précis, la formule "Meilleurs vœux" minimaliste semble la plus appropriée. Les bavards ne craignent pas de passer les 72 prochaines heures pendus à leur téléphone portable pour ainsi, faire le tour de la famille et de tous leurs amis. Quant aux administrations, elles ont une manière bien à elles de nous souhaiter le meilleur pour l'année à venir.
Les Vœux de l'Urssaf !
En cette fin d'année, nous sommes donc des milliers à avoir reçu dans nos boîtes aux lettres les vœux de l'Urssaf dont la teneur est la suivante :
"Vous pouvez effectuer dès maintenant le télépaiement des cotisations dues à l'URSSAF pour l'exigibilité de février 2016. Vous recevez ce message dans le cadre de votre abonnement à nos services en ligne. Si vous ne souhaitez pas recevoir ces accusés de réception par courriel, vous pouvez vous désabonner dans la rubrique « Gérer mon abonnement ». Merci de ne pas répondre à ce message qui est généré automatiquement par le serveur des télédéclarations. Pour toute information, nous vous invitons à vous rapprocher de votre interlocuteur habituel au 0811 011 637 (prix d'un appel local)".
Alors, on peut déjà noter d'emblée l'entrée en matière de la prose administrative de cette noble institution, à savoir, pas de bonjour, pas de monsieur, madame, mon chien, rien, le néant, le vide intergalactique, le destinataire n'existe pas, l'infirmier libéral est une entité non répertoriée dans le genre humain. Il est simplement doté d'un compte en banque. Ça, c'est une première chose. Ensuite, on constate que pour avoir un interlocteur à qui parler, se confier ou tout simplement souhaiter la bonne et heureuse année comme il se doit, nous devons payer le prix d'un appel local sur un numéro qui va nous balader d'étoile en dièse et nous faire visiter toute la galaxie en épuisant notre forfait téléphonique.
En ce qui concerne les vœux, mesdames et messieurs les infirmiers, ne rêvez pas ! Ce genre de civilités ne fait pas partie du vocabulaire des ronds-de-cuir qui travaillent dans cette administration.
Pourtant, la politesse, la courtoisie et les convenances sont des valeurs qui participeraient sans doute à la bonne entente entre l'Urssaf et les professionnels de santé. N'oublions jamais que ce sont nos deniers qui rémunèrent toutes ses petites mains agiles qui tapotent des milliers d'e-mails chaque année pour nous réclamer nos cotisations.
La Seringue.