Nour, infirmière de l'impossible !
Le Temps d'Avant !
Jusqu'à il y a quelques mois, Nour travaillait dans un hôpital en Syrie, en Lybie ou dans un quelconque pays en guerre. Nour était comme vous et moi. Elle avait une vie de famille dans un quartier résidentiel de la cité où elle est née et a grandi. Chaque matin, dans le bus qui la conduisait à son travail, elle écoutait battre le coeur de sa ville, ses avenues et ses rues bruyantes, ses marchés animés, l'appel à la prière, les enfants joyeux qui se rendaient à l'école. Chaque jour voyait croître en elle un espoir pour son pays, pour les siens, pour son peuple. Et puis, il y a eu les bombes...
Le Temps des Larmes !
Nour était infirmière dans un quelconque pays en guerre. Aujourd'hui, dans sa ville, il n'y a plus d'hôpital, plus d'écoles, plus de rires d'enfants dans les faubourgs, plus de marchés bouillants et colorés, plus d'églises, plus de mosquées, plus de bus, plus de nourriture, plus de travail, plus de carburant, plus de médicaments, plus d'argent, plus de sourires, plus de joie... Juste la guerre, les bombes, le silence, la peur, la faim, les blessés, les snipers embusqués, la mort et son odeur.
Nour était infirmière dans un quelconque pays en guerre et elle sait aujourd'hui, au milieu de ce chaos et de tous ces décombres, que sa seule chance de survie passe par l'exil. Quitter son pays, sa famille, les gens que l'on aime, pour enfin, ne plus entendre les bombes et les cris, pouvoir s'endormir et s'éveiller en paix, manger à sa faim, travailler et offrir un avenir à ses enfants.
Le Temps de s'enfuir !
Nour était infirmière dans un quelconque pays en guerre et elle a fui pour rester en vie. Elle a abandonné le peu qui lui restait de sa vie d'avant, empaqueté quelques affaires, quelques photos, de petites choses si désuètes mais tellement précieuses à ses yeux.
Elle a traversé des montagnes, des déserts, des ruisseaux, à pied, en bâteau, à vélo. Elle a conquis sa liberté pendant de longues semaines où jour après jour, elle a vu la mort encore, la fatigue, la faim et le désespoir. Elle a vu les siens pleurer, gémir, mourir, accoucher parfois. Elle s'est sentie sale et oubliée du monde.
Le Temps de Reconstruire !
Nour a franchi la frontière ce matin ...
Elle sait qu'elle va pouvoir se reposer, fermer les yeux et lâcher prise. Le bruit des bombes résonnent toujours dans sa tête, l'odeur de la mort la poursuit encore. Elle est si lasse, elle voudrait pouvoir s'allonger là par terre et s'endormir, ne plus être qu'un coeur qui bat, oublier, fermer les yeux et ne plus penser...
Le plus dur reste-t-il à venir...
La Seringue.