Nadia, infirmière libérale in the city !

Souris des Villes !

Nadia est infirmière libérale en agglomération, ces lieux de vie chargés d'histoire et de mémoire, où les rues se croisent à l'infini, où les odeurs de café et de pain frais se mélangent au petit matin aux relents de la nuit, où les gens s'affairent et semblent ne jamais s'arrêter, où chaque quartier vous fait pénétrer dans un univers différent.

Ces endroits dont on s'empare en conquistador, le pas pressé et la tête embrouillée dans un flot de pensées et de préoccupations. Ces bouillons de culture propices à la création et aux rencontres où l'art et la poésie émergent au détour des rues lorsque l'on prend le temps de s'y arrêter. Ces lieux où  des milliers et parfois des millions d'humains se lient et se délient, cohabitent, s'aiment, s'ignorent et se détruisent aussi parfois.

Nadia est une souris des villes qui se faufile habilement dans les dédales de boulevards, rues, ruelles, passages, traboules, places et squares. Sa ville tel un poumon respire et elle évolue dans ce labyrinthe au gré de ces inspirations et expirations. Sa ville lui appartient et elle appartient à sa ville, elle fait corps avec elle et en connaît chaque recoin.

Working Girl !

Il y a longtemps que Nadia a abandonné sa voiture pour un moyen de transport plus pratique, moins coûteux et surtout plus rapide. Les difficutés pour stationner et les contraventions qui lui ont parfois ruiné une journée entière de travail ne sont pas étrangères à cette décision. Nadia est donc devenue sportive, elle circule en trottinette, à vélo ou en scooter et parfois même à pied telle une étudiante qui irait à la fac avec son sac à dos.Ce mode de locomotion lui donne une sensation vertigineuse de liberté.

Nadia a en tête un nombre impressionnant de codes digitaux, elles possèdent des clés de toutes sortes donnant accès aux appartements où vivent ses patients. Elle découvre parfois médusée, ce qui se passe sous le vernis, derrrière ces portes cochères ou au-delà des grilles et  des portails. L'isolement et la solitude des personnes âgées, l'abandon, l'indifférence, la violence,la misère... toutes les turpitudes des grandes métropoles où un amour irraisonné de soi a anéanti toutes formes de charité et d'altruisme faisant de nous des âmes desséchées et froides.

Sur sa trottinette ou son vélo, Nadia a parfois le sentiment de partir en croisade, de prendre d'assaut cette indifférence cruelle pour redonner du sens à son travail et à sa vie. Chaque jour, elle va soigner Monsieur Paul qui habite au rez de chaussée d'un immeuble donnant sur un square. Chaque jour, Monsieur Paul boit son café devant la fenêtre de sa cuisine et chaque jour, il y a dans le square, un vieillard qui pourrait être son sosie, assis sur un banc, les yeux dans le vide au milieu d'un monticule de sacs en plastique qui constituent sa vie. Dans cet immeuble qui doit bien compter plus d'une centaine d'occupants, qu'il fasse -15° ou 40°, personne n'a jamais eu l'idée d'offrir ne serait-ce qu'un verre d'eau ou une timbale de café chaud à ce pauvre bougre. Et pendant ce temps, la télé ronronne chez Monsieur Paul, on y annonce un tremblement de terre à l'autre bout du monde et notre Paul, au bord des larmes, lance dans un sanglot un "vous vous rendez compte, les pauvres malheureux !".

Nadia, chaque jour, poursuit son djihad contre l'indifférence et pédale, pédale, encore et toujours à travers sa ville. Malgré tout, elle y croit encore...Parce ce que vivre, c'est croire !

La Seringue