9 mois dans la vie d'une infirmière libérale !
L'Annonce faite à Marie !
Cela faisait des jours que vous vous sentiez patraque, que vous vous leviez le matin l'estomac à l'envers et la tête dans le bip sans parler de ces sautes d'humeur qui jusqu'à présent vous étaient étrangères ou enfin presque. Dans le doute, vous êtes donc partie d'un pas décidé à la pharmacie du coin pour en avoir le coeur net et vous avez attendu la solitude du petit matin suivant pour effectuer votre test de grossesse.
Résultat des courses, vous avez gagné le gros lot, la super cagnotte, le tiercé dans l'ordre : vous êtes ENCEINTE ! Vous en rêviez, ou pas d'ailleurs, parce que la divine providence se mêle parfois de ce qui ne la regarde pas. Il ne reste à présent qu'à confirmer tout cela par une petite échographie et un bilan sanguin.
Passé l'émoi des premiers instants, il vous faut déjà échaffauder une stratégie pour trouver un créneau horaire afin de caser un rendez vous avec votre gynécologue. Ça tombe bien, il est surbooké et vous êtes occupée tous les jours. On sent déjà que l'aventure va être simple , ça transpire même !
Les trois premiers mois !
C'est confirmé, vous avez un petit polichinelle dans le tiroir. Vous êtes bien sûr ravie, l'éventuel papa et la famille aussi. Vous goûtez alors aux joies mais aussi aux désagréments de la maternité. Pour l'instant, tout va bien, vous rentrez encore dans votre jean, ce qui ne devrait pas durer encore très longtemps. Vous avez pris un abonnement "Nausées" chaque jour qui vous donne des rendez-vous prioritaires aux toilettes. Le café matinal ne passe décidément plus. Vous ne supportez plus l'odeur du pot au feu dominical de maman, vous qui l'adoriez. Par contre, vous êtes devenue dépendante à la crème de marrons que vous détestiez. Enfin bref, vos hormones vous bouleversent et chamboulent vos habitudes de vie et celles de vos proches.
Au boulot, ce n'est pas mieux, vous débutez votre tournée chaque matin au radar. Vous vous levez fatiguée et vous vous couchez épuisée. Votre faculté olfactive s'est développée à tel point que vous reniflez la couche de papy Alphonse dès l'arrivée à son portail. Vous crachez comme un cow boy toutes les deux minutes. Et comble de malchance, vous avez retrouvé votre peau d'adolescente boutonneuse, merci les hormones une fois encore. Votre humeur quant à elle ne s'est pas stabilisée, on nage entre hyperémotivité, irritabilité et crises de larmes. Que du bonheur ! Sans compter les patients qui ne se privent pas pour vous dire que vous avez grossi.
Les trois suivant
La crème de marrons ayant un effet dévastateur sur le poids, votre balance se met à crier au secours. Lors de votre tournée, vous commencez à ressentir l'embarras d'un gros bidon que l'on promène dans l'exiguïté de certaines chambres à coucher. Vous avez parfois du mal à passer entre le lit et l'armoire chez madame Suzanne et la montée des cinq étages sans ascenceur chez monsieur Pierre ressemble à l'escalade de l'Anapurna sans oxygène. Certains jours, vous avez l'impression qu'il vous faudrait un treuil pour vous extraire de votre véhicule et ce constat ne va pas en s'arrangeant au fil des semaines. En fin de journée, vos jambes de ballerines ressemblent à des poteaux difformes et vous avez cette envie de fraises qui ne vous quitte pas à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Vos proches vous trouvent radieuse, vous vous trouvez hideuse, ils vous envient, vous leur refileriez volontiers tous vos tracas et vous n'aspirez qu'à une chose : Dormir...
Dernière ligne droite
Tout va bien, bébé bouge et paraît en pleine forme et pour tenir la distance, vous vous octroyez une sieste chaque après-midi. Vous continuez néanmoins à bosser.
Et pourtant, regardez vous, vous n'arrivez plus à enfiler une paire de chaussures dignes de ce nom d'ailleurs vous ne voyez plus vos pieds, ce qui n'est pas pratique pour le vernis à ongles. Vous rentrez difficilement dans votre voiture. Vous n'arrivez plus à ramasser un objet tombé à terre et vous passez votre vie aux toilettes. Il faut être raisonnable, il y a des tâches que vous ne pouvez plus vous permettre de faire. La toilette de madame Claire, paraplégique qui pèse 90 kilos, ça ne va plus être possible. Les étages sans ascenseur, la manutention, ce n'est plus pour vous. Il serait prudent de vous arrêter mais dans quelles conditions ?
Si vous avez souscrit une assurance personnelle prévoyance qui couvre un arrêt de travail pour raison médicale, vous toucherez les indemnités journalières relatives à ce contrat jusqu'au commencement du congé légal de maternité (6 semaines avant l'accouchement pour un premier enfant et dix semaines après). Attention néanmoins, beaucoup de contrats excluent le risque de grossesse pathologique ou conditionnent l'indemnisation à des cas très précis donc il est important de bien choisir son contrat. Si vous n'avez pas souscrit d'assurance personnelle, il serait bon d'avoir épargné un capital avant de faire le choix d'avoir un enfant. En plus clair, démerdez-vous !
Une indémnité journalière forfaitaire est versée par votre Caisse Primaire d'Assurance Maladie pendant le congé maternité de 16 semaines pour un premier enfant mais à condition de cesser toute activité rémunérée durant ce congé. Son montant est égal au 1er Janvier 2014 de 51,43 € par jour. Avec cette petite somme rondelette que l'on vous accorde, on ne doute pas que vous couvrirez toutes vos charges.
Vous toucherez aussi une allocation forfaitaire de repos maternel d'un montant de 3 129 euros (au 1er janvier 2014) qui vous sera versée en deux fois (une seule fois si vous nous pondez un prématuré avant votre 7ème mois de grossesse, ce qui, si vous persistez à tirer la corde par le deux bouts, risque malheureusement de vous arriver).
La poursuite de l'activité libérale pendant la grossesse met souvent en péril votre vie et celle de votre enfant (éclampsie, risques de prématurité élevés liés au port de charges ou à la conduite automobile prolongée...).
La grossesse, à n'en pas douter, laisse aussi beaucoup d'infirmières libérales sur la paille neuf mois après...
La Seringue.